Page:Henri Poincaré - Dernières pensées, 1920.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à une contradiction du genre de celles dont nous venons de parler et qui pourraient nous obliger à conclure contre l’immutabilité. Ce moyen de démontrer une pareille évolution nous échappe encore, qu’il s’agisse d’ailleurs de démontrer que les lois changeront, ou qu’elles ont changé.

III

Arrivés à ce point, on peut nous opposer un argument de fait. « Vous dites qu’en cherchant à remonter, grâce à la connaissance des lois, du présent au passé, on ne se heurtera jamais à une contradiction, et cependant les savants en ont rencontré, dont il ne semble pas qu’on puisse se tirer aussi facilement que vous le pensez. Qu’elles ne soient qu’apparentes, qu’on puisse conserver l’espoir de les lever, je vous l’accorde ; mais d’après votre raisonnement, une contradiction même apparente devrait être impossible ».

Citons tout de suite un exemple. Si l’on calcule d’après les lois de la thermodynamique, le temps depuis lequel le Soleil a pu nous verser sa chaleur, on trouve environ 50 millions d’années ; ce temps ne saurait suffire aux géologues ; non seulement l’évolution des formes organisées n’a pu se produire aussi vite, — c’est là un point sur lequel on