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I INTRODUCTION. lesquels, en accumulant leurs effets, peuvent devenir dan- gereux. C'est de là que proviennent les erreurs acciden- telles et nous les attribuons au hasard, parce que leurs causes sont trop compliquées et trop nombreuses. Ici encore, nous n'avons que de petites causes, mais chacune d'elles ne produirait qu'un petit effet; c'est par leur union et par leur nombre que leurs effets deviennent redou- tables. IV On peut se placer encore à un troisième point de vue, qui -a moins d'importance que les deux premiers et sur lequel j'insisterai moins. Quand on cherche à prévoir un fait et qu'on en examine les antécédents, on s'efforce de s'enqué- rir de la situation antérieure; mais on ne saurait le faire pour toutes les parties de l'univers, on se contente de savoir ce qui se passe dans le voisinage du point où le fait doit se produire, ou ce qui paraît avoir quelque rapport avec ce fait. Une enquête ne peut être complète, et il faut savoir choisir. Mais il peut arriver que nous ayons laissé de côté des circonstances qui, au premier abord, semblaient com- plètement étrangères au fait prévu, auxquelles on n'aurait jamais songé à attribuer aucune influence et qui, cepen- dant, contre toute prévision, viennent à jouer un rôle important. Un homme passe dans la rue en allant à ses affaires; quel- qu'un qui aurait été au courant de ces affaires pourrait dire pour quelle raison il est parti à telle heure, pourquoi il est passé par telle rue. Sur le toit travaille un couvreur; l'en- trepreneur qui l'emploie pourra, dans une certaine mesure, prévoir ce qu'il va faire. Mais l'homme ne pense guère au