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Si X était constamment nul, on aurait P = P', c'est-à -dire que le couple développé par l'élasticité de l'éther tendrait à ramener chaque particule d'éther à son orientation primitive. Supposons maintenant que soit variable ; d'abord nul, ce coefficient prendrait une valeur positive pendant quelque temps, puis redeviendrait nul. C'est à peu près ce qui arrive dans le cas d'une décharge disruplive ; l'air d'abord isolant, cesse de l'être pendant quelques instants au moment de la décharge et perd en- suite de nouveau ses propriétés conductrices. Quelle est alors la signification de l'équation (5) ? On aura l'intégrale Pdt devant ètre étendue à toute la durée de la décharge, et étant par conséquent proportionnelle à la quan- tité d'électricité qui a passé pendant cette décharge ; je puis donc écrire, P—P'=ks, . k étant un coefficient constant et s étant cette quantité d'élec- tricité. Ap rès la décharge, le couple élastique ne tend plus à rame- ner la particule d'éther à son orientation primitive, c'est-à -dire à une orientation telle que _P = o, mais à une orientation telle queP=ks. Pendant la décharge le diélectrique perd son élasticité rota- tionnelle ; après la décharge il la recouvre, mais profondément modifiée par le passage de l'électricité. L'élasticité des solides nous offre des phénomènes tout sem- blables. Une barre d'acier soumise à une traction s'allonge, mais pour revenir à sa longueur primitive dès que la traction cesse. Si on la chauffe au rouge, elle perd son élasticité et de- vient ductile ; sous la traction, après s'être allongée, elle conser- vera la longueur qu'elle aura ainsi acquise même quand cette trac- tion aura cessé. Si ensuite on la refroidit, elle recouvrera son élasticité, mais cette élasticité sera modifiée, car elle ne tendra pas à ramener la barre à la longueur qu'elle possédait avant