Page:Henri Poincaré - Électricité et optique, 1901.djvu/609

Cette page n’a pas encore été corrigée

pressibilité indéfinie de l'éther n'est pas, sinon plus intelligible, au moins plus conforme aux hypothèses habituelles qu'il ne semble au premier abord. Un gaz ne transmet pas les vibrations transversales ; cela tient à ce qu'un glissement intérieur entre les couches gazeuses ne provoque pas de résistance élastique ; si même le gaz était dé- pourvu de viscosité, un mouvement de glissement, une fois com- mencé se poursuivrait indéfiniment. De même l'éther ne transmet pas les vibrations longitudi- nales, ce qui peut s'expliquer de deux manières : on peut sup- poser qu'il est absolument incompressible ; on peut imaginer, et c'est là l'hypothèse que Fresnel est obligé de faire pour expli- quer la réflexion, qu'il est au contraire incapable de résister à la compression. La compression dans l'éther, de même que le glissement dans les gaz, ne doit donc pas provoquer de résistance élastique ; et alors quand une particule d'éther a commencé à se contracter ou à se dilater, cette contraction ou cette dilatation se poursuivra indéfiniment. Les hypothèses anciennement admises entraînaient donc déjà cette conséquence que nous jugeons invraisemblable ; on les ac- ceptait pourtant parce qu'on croyait qu'elles n'étaient qu'appro- chées ; pour adapter la théorie de Fresnel aux phénomènes élec- triques, il faut au contraire les supposer très près d'être rigoureusement réalisées, et c'est de là que vient la difficulté. Je ne chercherai pas à la lever; mais je ne puis passer sous silence l'analogie entre les considérations qui précèdent et les sphères pulsantes de Bjerknes. Pendant que l'une de ces sphères se contracte, le mouvement dans le liquide environnant est tout à fait pareil à celui que la théorie précédente-attribue à l'éther dans le voisinage d'une charge électrique positive. Quand cette sphère se dilate, elle est au contraire assimilable à une masse électrique négative. On sait que la représentation des phénomènes électrostatiques par les sphères de Bjerknes n'est qu'imparfaite et cela pour deux raisons. La première sur laquelle on a surtout insisté, c'est que le signe des phénomènes est changé. La seconde n'est pas moins importante. Bjerknes fait agir