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propriétés assez étranges et faites pour nous surprendre au pre- mier abord. Il convient en tout cas d'insister sur ces étrangetés, soit qu'on veuille familiariser les esprits avec elles, soit qu'on les regarde comme des obstacles insurmontables qui ne permettent pas d'adopter ces explications. ADAPTATION DE LA THÉORIE DE FRESNEL. 445. — La théorie électromagnétique de la lumière, aujour- d'hui confirmée par l'expérience, nous apprend que ce qu'on appelle en optique le vecteur de Fresnel n'est autre chose que la force électrique, et que le vecteur de Neumann est identique avec la force magnétique. Si donc nous voulons conserver la théorie de Fresnel, il faut que nous admettions que la vitesse de l'éther est représentée en grandeur, direction et sens, par la force électrique. Mais cette hypothèse entraîne des conséquences singulières. Considérons une petite sphère électrisée ; la force électrique est partout dirigée suivant le rayon vecteur qui va au centre de la sphère ; telle devrait donc être aussi la direction de la vitesse de l'éther. Il en résulterait qu'une sphère électrisée positivement, par exemple, absorberait constamment de l'éther et qu'une sphère électrisée négativement en émettrait constamment. Et cette absorption ou cette émission devrait durer tant que la sphère conserverait sa charge. En d'autres termes, les parties de l'espace où nous disons qu'il y a de l'électricité positive ou négative seraient celles où la den- sité de l'éther va constamment en augmentant, ou constamment en diminuant. Cela semble bien difficile à admettre ; comment la densité de l'éther pourrait-elle varier si longtemps toujours dans le même sens, sans que les propriétés de cet éther en paraissent modifiées ? Faudra-t-il donc supposer que la densité est très grande et sa vitesse dans un champ électrique très petite, de sorte que, mal- gré la durée de l'électrisation, les variations relatives de la den- sité soient peu sensibles ? Poursuivons néanmoins notre examen. Voyons si cette com-