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44. — Dans cette théorie comme dans celle de Maxwell il existe des courants de déplacement. En effet, supposons un diélectrique autre que l'air en présence de conducteurs électrisés ; l'électri- cité neutre des sphères conductrices du diélectrique est décom- posée : un hémisphère se trouve chargé positivement, l'autre négativement. Si alors on met les conducteurs en communica- tion avec le sol, l'influence sur les sphères du diélectrique cesse et ces sphères reviennent à l'état neutre ; l'électricité se déplace donc d'un hémisphère à l'autre, par suite, il y a des courants de déplacement. Il est probable que c'est la conception de Poisson et Mossotti sur la nature des diélectriques qui a conduit Maxwell à sa théorie. Il dit l'avoir déduite des travaux de Faraday et n'avoir fait que traduire sous une forme mathématique les vues de ce célèbre physicien ; or, Faraday avait adopté les idées de Mossotti (Cf. Expérimental Researches, Faraday, série XIV, § 1679). Ajoutons que, ainsi que nous le verrons bientôt, l'intensité des courants de déplacement n'a pas la même valeur dans la théorie de Pois- son et dans celle de Maxwell. Nous montrerons cependant com- ment on peut faire concorder les deux théories. 45. — On a fait malheureusement à la théorie du magnétisme de Poisson de graves objections et il est certain que les calculs du savant géomètre ne sont nullement rigoureux. Ces objections s'appliquent naturellement à la théorie de Mossotti qui n'en dif- fère pas au point de vue mathématique. C'est ce qui me décide à ne pas reproduire ici ces calculs, je me bornerai à renvoyer le lecteur qui désirerait en faire une étude approfondie, aux sources suivantes. Le mémoire original de Poisson, sur la théorie du magnétisme a paru dans le tome V des Mémoires de l'Académie des Sciences (1821-1822). Une théo- rie plus élémentaire, mais passible des mêmes objections, est exposée dans, le tome Ier des Leçons sur l'Electricité et le Magné- tisme de MM. Mascart et Joubert (p. 162 à 177). C'est celle que j'avais développée dans mes leçons. Je renverrai également à l'article 314 de la seconde édition de Maxwell, où le savant anglais présente d'une façon très originale une théorie identique au point de vue mathématique à celle de