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particulaires. Dans les aimants permanents ces courants sont tous orientés de la même manière ; mais il n'en est plus de même dans les aimants induits. Pour expliquer, en effet, le fait que ces corps, susceptibles de s'aimanter par induction, s'aimantent dans un champ magnétique et qu'ils perdent leur aimantation dès que l'action du champ est supprimée on est obligé de faire une hypo- thèse supplémentaire : il faut supposer que ces courants d'Am- père ont une direction variable. Tant que le corps à aimanter ne se trouve pas encore dans le champ magnétique ces courants particulaircs sont orientés indifféremment dans tous les sens; le moment magnétique est par conséquent nul : l'aimantation résul- tante est nulle ; mais dès que le corps en question se trouve placé dans un champ magnétique, les courants particulaires vont tendre à se rapprocher d'une orientation commune ; le moment magné- tique ne sera plus nul et l'aimantation induite apparaîtra. Le champ magnétique vient-il à être supprimé ? Les courants vont reprendre leur orientation primitive et le moment magnétique redeviendra nul. Tout se passe comme si le milieu magnétique était déformé par l'action du champ (comme le serait par exemple un ressort bandé) et reprendrait sa position d'équilibre, en vertu de la force élastique mise en jeu par cette déformation, dès que le champ aurait cessé d'agir. Il en résulte que l'énergie totale magnétique se composera de deux parties : 1° L'énergie électro-cinétique des courants particulaires, et 2° l'énergie due à la force élastique, dont je viens de parler. Le premier terme de l'expression (2) est l'énergie électro-ciné- tique et le second terme, représente cette énergie élastique particulière. Maxwell, dans son raisonnement sur les aimants, a calculé seulement le travail des forces magnétiques proprement dites; il néglige le travail de la force élastique que nous venons d'in- voquer ; aussi son expression de l'énergie magnétique est en désaccord avec le principe de la conservation de l'énergie et