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holtz aurait pu dire qu'on ne croyait pas davantage à l'exis- tence objective d'un courant matériel circulant dans un con- ducteur. Je ne veux pas m'immiscer dans cette polémique ; je veux toutefois montrer en quoi consiste le malentendu qui sépare ces deux savants éminents. Pour M. Bertrand, le courant se compose d'éléments extrê- mement petits, dont le nombre est extrêmement grand quoique fini ; à chacun d'eux est appliqué un couple dont les deux composantes ont une existence réelle et un point d'application parfaitement déterminé. Sur la figure, les éléments sont représentés par les quatre rectangles en trait plein et les couples qui leur sont appliqués sont A1F1, B1G1 ; A2F21 B2G,

A3F,, B3G3 ; A,F,, B4G4. Dans ces conditions, il est clair que la rupture se produira suivant la ligne pointillée XY. Pour M. von Ilelmholtz au contraire le couple n'est qu'une sorte de tendance a tourner qui a une existence propre indépen- dante de ses deux composantes, qui peuvent ne pas avoir de point d'application déterminé. Le couple existe toutes les fois que la rotation produit un travail. En d'autres termes Helmholtz suppose que, si loin que l'on pousse la division de la matière, chaque partie restera toujours soumise à un couple. M. Bertrand croit au contraire qu'il arrivera un moment où les parties ultimes de la matière seront soumises à une force unique et qu'en adoptant une autre ma- nière de voir, on est dupe d'une fiction mathématique qui cache la réalité des faits. Il ne serait peut-être pas impossible, même en acceptant le point de vue de M. Bertrand, d'imaginer une distribution des forces qui n'entraînerait pas la rupture des conducteurs. Mais elle serait probablement compliquée et peu naturelle. Je me bornerai à rappeler que, dans la théorie de Weber,