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LETTRES MISSIVES


1603. — IO Avait. Imprimé. — (Economie.! royales, t. II, chap. 15. I I [A M. DE HOSNY.] l -l`\/lon amy, .l’ay eu advis de la mort de ma bonne sœur la royne d’Angleterre, qui m’aimoit si cordialement, à laquelle jlavois tant d’o- bligation. Or comme ses vertus estoient grandes et admirables, aussy est inestimable la perte que moy et tous les bons François y avons faicte, car elle estoit ennemie irreconciliable de nos irreconciliables ' ennemys, et tant genereuse et judicieuse qu’elle m’estoit un second moy-mesme en ce qui regardoit la diminution de leur excessive puis- sance, contre laquelle nous faisions elle et moy de grands desseins, ce que vous sçavés aussy bien que moy, vous y ayant employé. .l’ay donc fait ceste perte irréparable, au moins, selon mon advis, au temps que je me pensois davantage prevaloir de sa magnanimité et constante resolution, et que mes allaires slen alloient les mieux dis- posez pour me conjoindre ellicacement avec elle ; ce qui me comble dlun ennuy et desplaisir extresmes ; n’osant me promettre de trouver autant de generosité, de cordiale allection envers moy, et de ferme resolution à diminuer nos_ ennemys communs, en son successeur ; vers lequel me resolvant d’envoyer, pour sentir ses inclinations, et essayer de le disposer à imiter sa devanciere, j’ay aussitost jette les yeux sur vous, comme celuy de mes bons serviteurs par lequel je puis le plus conlidemment traicter avec luy de choses si importantes, tant à cause de l’amitié que ohascun sçait que je vous porte, de la religion que vous professés, que pour vous estre acquis envers luy la reputation d’avoir de la franchise et d’estre homme de foy et de parole. Prepa- rés—vous donc à faire ce voyage, et disposés en sorte mes allaires, . qtfelles puissent avoir leur cours ordinaire pendant vostre absence sans aucun mien prejudice. Soyés—moy toujours loyal, car je vous aime bien et suis fort content de vos services. A Dieu, mon amy. De Nancy, ce x" avril 1603. ' ‘ HENRY.