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LETTRES MISSIVES


sions qu'ils ont du succés de leurs afaires depuis la prise de Linglzen ‘, ne eussent esté grandement decouragez, attendu le besoin qu’ils ont, plus grand encore que jamais, d'estre appuyez et confortez tant par le dict roy que par tous ceux qui ont, comme luy, notable interest à leur conservation. Vous ne l faaldrés donques de congrataler le dict roy, et, aprés luy, le dict comte de ma part [toutesfois avec vostre discretion accoustumée} sur ce subject, et a les ` ea :/iorter de ne laisser les dicts Estats en ceste urgente necessité, ains les fa- voriser et encourager aux occasions qui se presenteront ; croyant, quoy que face le dict roy, que les Espagnols seront touyours bien indignez et [aussy] I `mal satisfaits de luy, en leur courage, de ce peu defaveur qu'il monstrera auœ dicts Estats, que s'il les assistoit davantage. Bien ne s'abstienclront-ils jamais de mal faire a leurs voisins que par impuissance. Je vous ay faict escrire par le s" de Villeroy que Yambassadeur Parrey m’avoit desjà parlé, quand jay receu vostre lettre, des propos que l’ar- clziduc avoit faict tenir a son maistre touchant l'election d’un roy des Ro- mains, et comme le dict roy desiroit avoir sur ce mon aclvis, chose que j'ay receue plus pour un tesmoignage de sa bonne amitié et correspondance, qa'il a desiré conserver avec moy, que pour apparence qu'il y ayt que nous puis- sions tirer grand advantage de la conference de nos advis en ce faict. La Germanie a faulte cle princes propres po_ur estre prmrez et promus à ceste dignité, et combien que la maison d'A ustriclie en soit aussy depourvue que nulle autre, toutesfois la commodité et Fadvantage que leur donnent les pays, qu’ils possedent, les rendent pour ce regard plus recommandables que les l autres. Le duc de Baviere Maœimilian est bon et vertueux prince, qui pour- roit y estre porté de lfelecteur palatin comme estant de sa maison, et de son oncle, l'electeur de Cologne ; mais je doubte de la volonté des autres electeurs en sa faveur, car il est prince sans experience des armes et il n'a les reins si puissans que ceux de la maison cl'A ustriclie. Il est certain que les dicts Espagnols y porteront, s'ils peuvent, ou barchiduc ou Ferdinand beau-frere de leur roy. ll me semble que nous ne devons desirer l'un ny l'autre : le premier, pour plusieurs raisons sagement detaillées par vostre ' La Forte place de Lingen en West- prince d’Or2mge, venait d'être reprise par . phalie, qui avait été prise en 1597 par le le marquis Spinola pour le roi d’Espagne.