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DE HENRI IV. 205 joyr à l’advenir, commeil faict à present, des commoditez publiques et privées ; chose que je tiens tres dillicile, s’il n’y est remedié par un bon ordre et tres grande prevoyance, à cause de Pextresme pau- vreté que je recognois au peuple de la campaigne, lequel est celluy qui nous faict tous vivre. Car arrivant un changement de regne, ou quelque mouvement de guerre en ce Royaume, comment estimés-vous A qu’il soit possible. de subvenir là telles despenses extraordinaires, puisque tout le revenu d’icelluy, quelque excessives qu’en soyent les A impositions, peut à grande peine porter les charges et despenses du courant? Lorsque les Roys mes predecesseurs sont tombez en pareilles adversitez, ils ont eu recours aux alienations de leurs domaines, cons- titutions de rentes, `creations d’oHices,'augmentations de tailles, gabelles et impositions ; mais maintenant toutes ces choses sont parvenues à tel excés, qu’il ne s’en peut tirer ny esperer aucune assistance. Quoi donc? faudra-t—il laisser dissiper l’Estat, ou Yassubjectir aux estrangers9 Jc’m’asScuœ que nul de vous n’a le cœur si lasche que de l’endurer. Pour mon regard, je souflrirois plustost mille morts, et espere vous . laisser des enfans pour Roys, qui n’auront pas moindre courage. Par quoy, ne saichant où prendre des moyens, tenés pour certain que l’on s’adressera au fonds des rentes, comme le plus facile, et crains qu’en— fin telles ailaires continuans ou tirans à la longue, eux ou moy soyons contraincts par la necessite, qui est la loy de toutes les loys, de faire banqueroutte à ceste nature de debtes ; chose que je veux eviter de toute ma puissance, et l’eviteray infailliblement, si vous y contribués A ce que Yancienne iidelité des François me faict esperer de vous. C'est pourquoy, voyant que la paix et le repos universel que mes labeurs ont acquis à la France nous permet ou plustost nous appelle à des consultations ou occupations si louables et si justes, je me suis resolu, - pour prevenir tels inconveniens, d’entrer au rachapt et amortissement des rentes, du sort principall des proprietaires qui les ont acquises ' Cette expression' est employée plu- positions au corps de ville. On y lit no- sîeurs fois dans le mémoire de Sully, tamment : d‘après lequel Henri IV dut faire ces pro- « .., Toutes rentes constituées d'arrerages