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LETTRES MISSIVES

i qui firent les dicts traictez ; car pour le respect du Pape et de ses le- gats, qui en furent les premiers auteurs, elle n’y fut nommée et spe— cifiée, sur finstance que les dicts legats en Hrent. Toutesfois il fut con- venu qu’el_le passeroit et seroit entendue et comprise sous les dicts termes generaux ; et de faict il en fut dés lors despesclié et delivré par moy aux habitans d’icelle de bonnes lettres de declaration, expediées en bonne forme, qui ont esté notifiées au dict duc de Savoye, auquel _i’en ay parlé fort ouvertement quand je l’ay veu, et faict parler aussy conformement à cela par tous ceux que j'ay envoyez vers luy depuis les dicts traictez, tellement qu’il faut croire qu’il n’a violé les dicts traictez par ignorance et insciemment. Il s’y est trouvé en personne, et ii y a esté assisté des forces hespagnoles qui sont en Savoye. Je vous ay asseuré que je ressens cest attentat comme je doibs et merite l’im-_ portance d'iceluy ; toutesfois abstenés—vous d’en parler de ma part à ces Seigneurs ; _jusqu’à ce que je le vous mande, car je veux voir, de- vant, ce que dira et fera le dict duc et ce que 1]],61] fera dire aussy le roy d’Espagne, et pareillement comment 'ceste action sera prise à Bome. Le principal est que le dict duc y a esté bien battu et y a perdu les meilleurs hommes françois qu’il avoit retirez, et s’en est retourné chargé de honte et de confusion. Ce sont des fruicts espagnols de sa per- jdie et de la deloyauté de son Albigny, que le temps rendra tous les jours plus amers ; et si le dict comte Martinengue se fast retrouvé auprés de luy au retour de ce voyage, il eust eu beau champ pour luy re- monstrer les malheurs auxquels le clict Aloigny va tous les _iours_l’enfour- nant, soubs pretexte de le servir. Confortés-le tousjours à retourner prés du diet dac ; car _i’ay si bonne opinion de la fermeté et constance d’ice— luy, que je crois, s’il s’y opiniastre, qu’il pourra, à la fin, esbranler son esprit. Je sçay qu’il n'a du costé d'Hespagne toute sati.y'action qu’il estime 'meriter, et peut-estre, s’il ouvroit les yeux, qu’il cognoistroit pouvoir mieux faire et remettre ses afaires aux clespens du roy d'Espagne que aux miens. S’il estoit maintenant chatouillé sur cela, en verité, je pense qu’il y, pourroit prester l'oreille. L’on m’escrit d’Hespagne qu'ils retirent de V Milan le comte de Fuentés, et que le duc de Sesse doibt entrer en sa