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LETTRES MISSIVES
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à la deH’ense de la cause du dict duc de Bouillon, s’eH’orçant d’inte- _ resser et rallier en cela avec luy tous ceux envers lesquels il a quelque creance ; blasmant ma conduicte en ce faict, comme si le tort estoit de mon coste, et traictois trop severement le dict duc de Bouillon, duquel il exalte les services et merites plus que de coustume : et tout cela ne me donnera pas grande peine, si le dict roy d’Angleterre veut vivre avec moy comme il vous a faict entendre ; 'car joincts ensemble, il nous sera Facile de donner la loy et ranger à leur debvoir nos mau- vais voisins et subjects. _ Gr je suis tres satisfait et content des bons propos qu’il vous a tenus en vostre premiere audience ; aussy ne pouvies—vous vous com- porter en son endroict en toutes aultres choses plus prudemment et a mon contentement que vous aves faict, tant en la reception et en la reddition des visites et courtoisies qu’il vous a desparties, qu'en t tous les discours qui se sont passez entre vous. Tellement que si les eliects correspondent à ses bonnes paroles, nous vivrons et regne- rons ensemble tres heureux, à quoy participeront nos enfans : qui est _ le but auquel vous sçavés que faspire. Je suis à present attendant ce que vous aves traicte de plus parti- culier avec le dict roy, suivant la resolution que _i’ay prise avec vous devant vostre partement, en laquelle je persiste, car il n’est rien sur- venu depuis qui m’ayt deu faire changer d’opinion. Il est certain, ainsy que je vous ay escript par mes dernieres,- que le dict roy d’Espagne dresse et assemble ceste année des forces, et par terre et par mer, plus puissantes que les precedentes. Celles qui doivent passer d’Italie en Flandres ont jà commence à passer les monts, et les premieres troupes arriveront dedans quatre jours au pont de Gresin ; mais il n’y a point d’apparence qu’elles s’arrestent à Geneve, ny qu’elles soyent employees ailleurs qu’aux Pays-Bas. Quant à la dicte aimée de mer, l’on 1n’a es- cript d’Espagne qu’elle doibt estre preste à Lisbonne à faire voile, au xx ou xxv° du mois present ; et veut-on que je croye qu’elle va en Bar- barie et non ailleurs. Toutesfois je ne puis m’y fier, sçachant qu’ils se sont cy-devant aydez de ce pretexte pour couvrir et mieux degui-