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` . DE HENBTIV. a 115 estre composé de vingt mille hommes`, que l’on prepare avec toute la diligence possible, sans mesmes y espargner les jours de feste, ny que l’on sçache ny die encore ou il doibt estre employé. Quelques-uns de mes’amys d’Italie m'ont adverty par courrier expres, qu’il Faut prendre garde au cliasteau d`]l` et aux isles de Marseille, tenant pour asseuré que —la dicte armée y doibt fondre. Toutesfois le Pape con- tinue à' m'asseurer aussy expressement qu’il a point faict cy-devant, . que le roy dllilspagne veult vivre en paix avec moy, et qu’il n’a aulcun vouloir ny dessein de me commencer la guerre. Mais les speculatifs discourent, et ont opinion que le dict roy se gouvernera en cela selon ce qu’il.traictera avec le dict roy d’Angleterre, duquel on dict vouloir acquerir Yamitié à quelque prix que ce soit, ayant delibere de con- sentir que les villes dé Zelande demeureront en sa garde, et luy bailler oultre cela une bonne somme comptant, ou par années, pour la reception des frais faicts par l’Angleterre depuis le commencement de la guerre, pourveu qu’en effect il abandonne les provinces unies ' des Pays-Bas, s’abstienne d’envoyer aux Indes et de courre sus aux vaisseaux d'Espagne allant et venant des dictes Indes. Pour moy, e ne puis croire que le dict roy d’Espagne m’attaque ceste année, car il me semble que ses allaires ne sont à present en estat de ce faire. Le duc de Savoye fait bien ce qu’il peut pour l’y embarquer, mais ` comme le conseil d’Espagne recognoist qu’il estmeu en cela plus de son interest particulier que de vive raison et de la consideration des aflaires du dict roy 'dllîlspagne, il semble qu’il_n'ayt pas assez de pouvoir pour leur faire prendre une telle resolution. Luy et ses enfans ont plus sejourné à- Nice (d’où je n’ay pointsceu encores qu’ils soyent partys) qu’ils n’avoient projette ; ce que l’on attribue au tour que luy a faict dom Carles Doria, general des galeres que le roy d’Espagne entre= tient à Genes, lequel estant arrivé àVillef’ranche, accompagné des dictes galeres, avec charge de prendre et enlever les dicts princes de Savoye, a passé oultre inopinement sans les attendre ou charger, les uns di- sant, par despit pour le peu de compte que les dicts princes avoient a faict de luy, et les autres, par l’intelligence mesmesdu dict duc, allin _ — 15.