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DU ROI DE NAVARRE. 33 glise Romaine en son entier. J’espere, Madame ; que le Roy mon sei- gneur sçaura bien considerer leurs intentions, et jusques-ou elles vont, pour yapporter les remedes convenables, tels qu’à la verité ils sont en sa main, quand il les voudra desployer. Cependant, parce qu’en ceste conspiration, pour abuser du zele qu’il a à sa religion et, par ce moien, le rendre moins animé contre eux, et destourner, s’ils peuvent, tout l’0rage contre moy, ils m’ont voulu prendre pour pretexte de leurs armes et pour subject de leurs desseins, vous pouvés juger, Madame, u si j’ay à regarder mes allaires, ne pouvans iceux slagrandir qu’a mes despens, ni parvenir àleurbut que par dessus mes ruines. En ce be- _soing doncques, Madame, j’ay recours à_Vostre Majesté, de laquelle j'ay receu tant de demonstrations d'amitié et de bonne volonté en mon endroict, que je me promets sans doubte d’en toucher les el]`ects, si les aiiaires sont amenées au point que plusieurs choses passées nous donnent occasion de craindre. Je sçay, Madame, que la conservation de la vraye Religion, qu’il nous fault laisser à nostre posterité, vous ' touche vilivement au cœur.'_Je ; scay que Yaccroissement du roy d’Es— pagne, et l’authorité de ceux qu’il emplove à troubler le Boïaume, ne vous peut estre que tres suspecte ; et je m’ose confier, Madame, que ` . quand ces considerations cesseroient, encor ne voudriés-vous pas voir ny la ruine ny la diminution d’_un prince tant dedié_ à vostre service que je suis, et qui desire, en partie, me conserver et maintenir pour vous 'en faire. Au reste, Madame, je vous diray que je ne fus jamais plus resolu de. m’opposer aux pernicieuses intentions de ceux qui veulent troubler nostre r_epos, que suis à present, et n’y veis`, graces à Dieu, jamaisles gens de bien plus—all’ectionnés de m’y aider et se- _ conder. Tellement que j’ay _de ;quoy_esperer, avec l’aide' de Dieu, qu’ils ` ne se trouveront jamais plus empeschés ni plus recules de leurs des- seings. Lafaveur de Vostre Majesté, survenant a toutes- ces bonnes vo- ' lontés, parferoit le surplusi Et parce que jlespere depescher plus_ am- plement a Vostre Majesté, je meîcontenteray pour ceste heure de vous baiser tres humblement les mains, etc. -. LETTRDS DE HENRI IV. — U. l