Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome2.djvu/324

Cette page n’a pas encore été corrigée
314
LETTRES MISSIVES


longuement. Mais d’aultant que je ne puis seul y satisfaire, tant parce qu’il n’est raisonnable, qu`à cause des grandes et extraordinaires des- , penses que j’ay faictes et supportées, pour lesquelles je n’ay pas es- pargné la vente et engagement de mes propres biens, ni le credit _ que j’ay peu avoir et trouver dedans et dehors le Royaume, et que maintenant il s’agit plus que jamais de la conservation ou ruine des Eglises et de tout ce que les gens de bien peuvent avoir de plus pre- cieux ; je ne puis croire qu’il y en ait de si ingrats, froids ou stupides, qui veuillent refuser d’y ayder selon les moyens que Diüu leur a don- nez : qui est cause que je vous prieray de considerer ce qui est de vostre debvoir, en affaire si importante, et vous representer vifvement la necessite publique, à laquelle je ne puis resister, si cbascun ne slellorce de la surmonter, et y apporter partie de leurs moyens pour _ saulver le reste, ayant esté le tout consigné par le cruel edict de juillet ; de sorte qu’il le faut garantir par les voies et moyens legi- times que Dieu nous met en main ; lequel a retourné son visage vers nous, nous ayant donné une si heureuse victoire, qu’il est besoin de la poursuivre, et que tous ceulx qui y ont interest s’y employent de cœur et d’affection ; comme de ma part je veulx presentement expo- ser ma vie, laquelle j’ay entierement vouée à fadvancement de la gloire et service de Dieu, et à la delivrance des dictes Eglises. Et par tant, Mess", je vous prie, au nom de Dieu, et vous enjoins nean- ` moins, comme protecteur des dictes Eglises, et en oultre tenant le lieu que je tiens en celloyaume (la fonction du Roy mon seigneur i cessant parmi ces troubles entre nous), de ne faillir de tenir preste, dedans le vj° du mois prochain, la somme de vingt mille escus sol. — pour la subvention dont je vous ay cy—devant escript pour le dict paye- ment de llarmée estrangere. Ce qui vous sera facile dans le dict temps, si vous prenés la dicte somme sur les plus aysez de tout le bas Lan- ` guedoc, en leur payant finterest, lequel sera joint au principal, pour, incontinent aprés, le despartir et esgaler sur tout le dict pays pour , estre payé à deux ou trois termes, selon que vous adviserés, en vertu - des commissions et contrainctes que je vous mettray en mains, comme