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grand plaisir de me rapporter de vos nouvelles, et de me donner de plus en plus asseurance de vostre bonne affection envers moy. Laquelle j’estimeray d’aultant plus que vous continuerez, comme vous avez tousjours faict par cy-devant, à advancer la Religion et vous employer en tout ce qui touche les gens de bien, et mesme ceulx qui travaillent pour la deffence d’une bonne cause, entre lesquels je tiens le lecteur de Coloigne[1] pour l’un des premiers, pour la consequence dont est le faict qu’il soustient ; vous priant bien fort, Monsr de Walsingham, apporter tout ce que vous pourrez en cela, et entretenir la Royne vostre maistresse en la continuation des effects de la bonne volonté et assistance qu’elle luy a faict sentir en ceste derniere affliction. Vous tiendrez, ce faisant, la main à un bon œuvre, important à toute la chrestienté. Je vous prye, par mesme moyen, me maintenir en la bonne grace d’une si trez-excellente Royne, et la pryer de commander au chevalier de Drac[2], de m’envoyer le recueil et discours de ce qu’il a remarqué en son grand voyage, duquel le dict sr de Segur m’a parlé, et qui m’est fort necessaire pour l’execution d’aulcuns de mes desseins[3]. Vous sçaurez bientost particulierement de mes nou-

  1. Ghebhard Truksess, sur lequel on peut voir la note 2 de la lettre du 18 juillet 1533, IIme. Ses affaires ne se relevèrent point, malgré l’importance que tout le parti protestant voyait à conserver dans son siège et dans ses états un prince évêque qui avait renoncé au célibat. « Chassé de toutes les places qu’il tenoit, dit Mézeray, il se retira et La Haye, en Hollande, où il languit le reste de ses jours dans l’obscurité, esprouvant à loisir qu’une femme sans bien est une chose bien plus incommode qu’un benefice sans femme. »
  2. Francois Drake, né à Tavistock, dans le Devonshire, en 1545, fut le plus grand marin de son temps, se distingua par la hardiesse de ses voyages et ses exploits contre les Espagnols, fut fait chevalier et vice-amiral par la reine Élisabeth, à qui il procura de grandes richesses, et mourut dans son septième voyage en Amérique, au mois de janvier 1595 (vieux style).
  3. À l’époque où fut écrite cette lettre, Drake avait déjà fait quatre voyages en Amérique ; et dans le quatrième, qui dura du 13 décembre 1577 au 5 novembre 1580, il avait fait le tour du globe. C’est une relation de ce voyage que demande ici le roi de Navarre à Walsingham. Les desseins auxquels il rapporte cette demande s’appliquaient sans doute au rétablissement de la colonie francaise organisée, dans les Florides, par les soins de l’amiral de Coligny et formée par des protestants mais que la déloyauté du chevalier de Villegagnon et la puissance des Espagnols avaient renversée.