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i DU RDI DE NAVARRE. i Iô9 . partient, sans qu’il soit besoing de longs propos pour vous ouvrir les .yeulx. Vous aves veu naistre., en pleine paix, les remuëmens de la B Ligue contre le repos de ce Royaume. Vous sçavés la patience que j’ay euë, quoy qu’ils m’eussent pris comme àpartie, et pour subject. et pourpretexte de leurs armes. Vous avés veu les Ligueurs decla- rés rebelles par le Roy, et poursuivis comme tels par toutes ses courts de parlement. Vous vous estes veus vous—mesmes commandez, i armez et combatans contre eux, par lexpresse volonté du Roy, isous l’auctorité des princes du sang, des pairs et principaulx ofliciers de sa couronne. Je ne doubte donc qu’il ne vous soit tres estrange de voir, V comme en un instant,. ce changement ; de vous voir armés contre- le sang de Fralnce, commandés par les estrangers que vous combatiés comme perturbateurs, et, qui pis est, contre ceulx-là qui trois jours ` auparavant, pour le service du Roy et du Royaume, se trouvoient mandez et commandez comme vous, rangez sous mesmes enseignes et de mesme volonté que vous. Mais vous scavés bien juger. aussy ° que les premi_ers mandemens procedoient du propre mouvement du Roy ; ceulx qui ont suivi depuis, de la volonté des perturbateurs. Car qu’ont faict depuis, mesmes entredeux, ceulx de la Ligue, pour _ leur faire perdre la qualité de rebelles, crimineulx de leze-majesté, perturbateurs du repos, qui leur sont attribués par tant dlarrests? Ou qu’ont commis ceulx de la Religion, vivans sous le beneiice des edicts, que Sa Majesté avoit mandez inditleremment pour son service, qui couroient aussi egalement a Yembrasement commun, pour estre aujourd’huy, à l’appetit des dicts perturbateurs, chassez du Royaume, pourchassez a mort de toutes parts? Si c’est pour le faict de la Religion, y avoit—il pas edict exprez ? estoit—il pas fraiscbement reïteré? Ce qui est permis par les loix du Royaume peut-il- estre reputé à crime? peut—il estre poursuivi de quelquepeine? Si c’est (et ce l’est vraye- ment) pour avoir contrarié aux desseings dela Ligue, estes-vous donc pas complices de, ce_ crime? estes—vous donc pas subjects à mesme 'peine? cerchés-vous donc pas 'vostreruine propre ?- Car quel crime i poursuit- on en euxgque d’cstre et ne vouloir estre que François ?` LETTRES DD HENRI IV. L II. 22 i