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flore parfume l’haleine des vents

heureux qui tient venus pâmée dans ses bras

venus aime tant les Roses quelle en laisse eclore toujours une sur chaque joue[1]

sa bouche parfume l’amant colé sur sa bouche

je veux que ce soit un saut qui me mette dans le tombeau et non pas qu’on m’y traine

ses yeux sont pleins d’une brillante humidité

que l’amour et les grâces creusent de petits troux sur son beau corps

un anneau de rosé soutient les cheveux des nimphes et si la vitesse de leur course faisoit craindre de ne les pas attraper la langueur de leur yeux faisoient croire qu’elles se laisseroient attraper leur yeux parloient pour leur bouches qui persuadoient tous ce qu’elle vouloient que les ris ouvroient et sur lesquelles les désirs avoient envie de cueillir un baiser[2]

les cheveux d’un noir plein de feu

la plus belle couleur sont les roses de la pudeur

heureux qui parfumé d’essences tient sa maîtresse entre ses bras qui la contemple écoute ses soupirs de pâmoisons alors le plaisir entre avec force dans l’ame par toutes les portes des sens. Le plaisir est le seul employ de la vie[3]

  1. Si cette mythologie risque de devenir agaçante ou même ridicule, il faut reconnaître qu’elle est aussi féconde en inventions exquises.
  2. On voit dans le chant I du Bonheur les Nymphes folâtrer parmi les Ris, et le tableau léger et mythologiquement érotique de l’amour triomphant (t. XIII, p. 18). En parlant de la Mollesse, il dit :

    Sa coquette pudeur aux transports des amants
    Oppose ces dédains, ces refus agaçants,
    Ces cris entrecoupés, cette faible défense
    Qui, flattant leur espoir et provoquant l’offense,
    Au désir enhardi permet de tout tenter…

    Plus loin on lit :

    Modeste dans ses vœux, il demande un baiser
    Qu’elle laisse ravir et feint de refuser.

  3. Quelle ardeur, quelle passion le jeune Helvetius avait pour l’amour et les plaisirs des sens !