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Passions cruellement indulgent a luy même celuy qui satisfait ses passions nourrit le germe de ses malheurs et fait couler dans ces veines cette liqueur de feu qui les brûle[1]

la sage médiocrité ne va ni déguenillée ni parée d’un habit d’or

il sembloit que les plaisirs eussent pris de nouvelles ailes pour aller plus vite et que le soleil précipita la course de ces chevaux

les passions s’agitent sans cesse ne font que s’élever et se précipiter

les passions se disputent un cœur tel que les vents ou les vagues se disputent les débris d’un naufrage qu’ils rendent enfin au rivage

un homme aussitost qu’il éteint sa passion ne jouit point de sa tranquillité le foudre après être tombé sur une montagne en fait encor longtemps fumer le faîte

les conquerans ont enchaînés les peuples le luxe a retressi les fleuves mais il n’y a que la sagesse qui enchaine les passions qui conserve leur violence dans des prisons et dans le cœur des infortunés accablés sous les chaînes

tel qu’on voit des chiens se disputer entre eux les morceaux du[2] cerf qu’il ont forçe et qu’ils déchirent ainsy les passions se disputent l’une a l’autre le cœur

l’homme qui a beaucoup de passions a la fois[3] n’en a au-

  1. Helvetius est beaucoup trop « sagace », suivant le mot de Diderot, pour croire que le bonheur consiste à satisfaire sans frein ses passions. Mais est-ce un motif, s’il convient de raisonner avec elles, pour vouloir les supprimer ? Cela, d’ailleurs, est impossible. Elles sont intimement associées à la vie.
  2. Les morceaux du ajouté.
  3. Le tout n’est donc pas d’en avoir beaucoup, mais d’en avoir une très grande et très noble. Helvetius montrera longuement dans ses ouvrages que le génie et l’esprit sont les effets de la force ou de la vivacité des passions. Le rôle du législateur consiste à savoir récompenser celles qui sont favorables à l’intérêt commun.