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l’amour entouré du désir[1] se précipite dans les dangers

les anglois immoloient anciennement les étrangers tantost ils les ouvroient tout vivant pour faire leur devinations les tuoient a coups de flèches cruxifioient les autres ou les renfermoient avec plusieurs animaux de tout espèce dans un grand colosse d’azier ou de bois auquels ils mettoient le feu pour en faire un holocauste ils mangeoient aussy de la chaire humaine[2]

le véritable [ ] est celui qui est dévoré par les inquiétudes de l’amour

aimerois je iris aussi légère que les zephirs[3] a la course mais elle est aussy inconstante que luy souvent aussy serieuze[4] que Junon souvent aussy folatre que les grâces elle est souvent aussy cruelle que penelope mais aussy elle est aussy belle que venus elle est quelquefois aussy railleuse[5] que momus mais elle a autant d’esprit que les muzes. de plus elle m’a promis un baiser je l’aimeray donc[6]

accordez vos faveurs tandis que votre chair est ferme et votre blanche bientost le tems viendra brunir cette belle gorge et amollir ces fesses éteindra ce feu de vos yeux alors en vain vous offrirez vos faveurs[7]

  1. Vauvenargues avait déjà montre avec force le rôle des passions. Il y a, dans Helvetius, une véritable philosophie de l’amour et du désir. On comprend le goût que Schopenhauer eut pour lui.
  2. Dans la marge : Horace.
  3. Le mot vent est barré, remplacé par zephirs.
  4. Serieuze remplace querelleuze.
  5. Railleuse au-dessus de médisante qui est barré.
  6. Très riche et très beau, le jeune Helvetius eut beaucoup de bonnes fortunes. Grimm cite, parmi ses maîtresses, Mmes d’Autré et de Chaulnes. Il fut très lié aussi, semble-t-il, avec la Gaussin et Mme de Rochefort. (V. Helvetius, sa vie et son œuvre, la Vie Galante et Mondaine.)
  7. Cette verdeur de style, qui a son charme et sa poésie en s’unissant à des grâces légères, est peut-être moins « immorale » que les analyses quintessenciées des complexes perversités de l’âme où se complaisent tant de romanciers psychologues de la décadence.