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belle statue tu va parler (pour epigrame) d’une femme sotte)

la vérité des choses dépend d’un point de vue d’où on les voit ainsy sont les astres qui nous paraissent des points de feu quand on voit les astres dans un miroir convexe

les astres paroissent bien plus distant les uns des autres qu’ils ne sont et qui sçait si nous ne voions pas tous avec ce miroir

que la vérité protège mes ouvrages[1]

quand on combat les préjugés la vérité ne prend pas d’abord elle s’eleve comme un crépuscule et souvent il faut attendre un siècle suivant pour que les hommes la regarde comme le soleil a son midy[2]

l’abeille sent au loin l’odeur du miel et les gens d’esprit le génie

la vérité imbibe son ame comme l’humidité imbibe un corps

a mezure que l’on tire de l’esprit il faut y verser de nouveaux aliments

De même que l’harmonie et l’ordre de l’univers nait du combat des éléments les uns contre les autres ainsy la vérité nait des différentes disputes ainsy l’on a tort de n’ozer disputer et parler de toutes les choses[3]

les grands esprits sont traités de foux par les petits c’est un homme d’une excellente vue sur la hune d’un vaisseau qui crie a ses compagnons, je vois la terre tous monte a la hune

  1. V. Les belles pages d’Helvetius sur la vérité dans la Préface de l’Esprit.
  2. « En vain des hommes vils et lâches voudraient la proscrire (la vérité) et lui donner quelquefois le nom odieux de licence ; en vain répètent-ils que les vérités sont souvent dangereuses ; en supposant qu’elles le fussent quelquefois, à quel plus grand danger encore ne serait pas exposée la nation qui consentirait à croupir dans l’ignorance… Si la connaissance d’une telle vérité peut avoir quelques inconvénients dans un tel instant, cet instant passé, cette même vérité redevient utile à tous les siècles et à toutes les nations ». (De l’Esprit, t. I, p. 185).
  3. On osait « disputer et parler de toutes les choses » dans le célèbre salon de la rue Ste-Anne, sous le regard attentif et bienveillant de M. Helvetius.