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Mon esprit qui n’est plus retenu par l’obstacle des corps s’elançe avec force dans les plaines de la metaphisique

le génie est comme un feu qui s’entretient par la matierre qui c’enflamme par le mouvement et qui s’augmente a mezure qu’il brûle car la force du génie ne croit que par l’abondance des choses

la vérité est un flambeau qui luit dans un brouillard sans le dissiper

et la vérité ayant dégrader les dieux du trône ou l’erreur les avoit élevé a rendu les mortels égaux aux dieux[1]

il y a des vérités qui semblent borner l’esprit et audela desquelles il semble qu’il n’y ait plus de chemins pour aller tel on voit dans la mer deux montagnes qui semblent se joindre et borner l’étendue des mers ceux qui osent aller jusqu’au pied souvent trouvent détroit qui les conduisent dans de nouvelles mers immenses[2]

cest contre ceux qui doutent[3] sans se donner la peine de rechercher

les petits esprits qui cherchent la vérité et qui en sont bientost las sont semblables a ces enfants qui ayant faits quelques tours sont étourdis les colonnes qui soutiennent le vestibule ou ils sont semble tournoier ils craignent leur chute et ils ne voient plus rien[4]

  1. C’est encore une des idées exprimées dans l’Epitre sur l’Orgueil et la Paresse.
  2. Les quatre pensées précédentes sont barrées au crayon ou à l’encre.
  3. Helvetius n’est ni dogmatique, ni sceptique. Il aboutira à une doctrine positive. Il ne peut s’en tenir ni à Platon, ni à Malebranche, ni à Montaigne.
  4. Helvetius a fait un persévérant effort pour découvrir et dire la vérité. Il écrira dans la Préface du traité de l’Homme : « Je ne serai point le panégyriste de cet ouvrage ; mais j’assurerai le public que toujours de bonne foi avec moi-même, je n’ai rien dit que je n’aie cru vrai et rien n’aie pensé ».