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Orgueil. Empedocle fut si passionné[1] des honneurs divins qu’il se jetta dans les goufres du mont œtna pour insinuer qu’il avoit été enlevé dans les cieux mais [que] les flammes par un sort contraire rejetterent une de ses pantoufles qui etoit d’airain ce qui le priva des honneurs divins, il reprochoit a ses citoiens de courir au plaisir comme si ils eussent cru mourir dans le même jour et de bâtir des maisons comme si ils eussent cru toujours vivre[2]

il a[3] un noble orgueil qui vient d’une grande ame qui vient de la connaissance qu’on a de soy et il y a du courage a dire hautement ce qu’on est quand on ce connaît c’est l’aiguillon des grandes choses pour produire le sublime il faut une noble confiançe[4]

l’orgueil et l’heureux succez tourne si fort la tête aux hommes que pompée voiant que tout luy reussisoit sur mer se déclara fils de Neptune ainsy Alexandre etc

Cleopatre se faisoit apeller isis et antoine bacchus. Voi. v. 2. ho. pa. 430

parmi ces financiers[5] qui se font élever de superbes mauzolées qui restât deux dans leur epitaphe leur orgueil ils font vivre leur viçe après leur mort

l’orgueil ne s’extasie qu’en parlant de luy

  1. Helvetius, qui avait l’amour de la gloire en même romps que celui de la justice et de la vérité, considérait ce sentiment comme un élément très puissant et très utile dans la vie des individus et des peuples.
  2. barré en partie.
  3. Pour il y a, évidemment.
  4. Helvetius n’exalte pas l’esprit d’humilité ou de fausse modestie. Il a horreur de toutes les hypocrisies. Et puis, cela est contraire à sa doctrine qui est essentiellement une doctrine de vie. Mais la vanité lui semble inutile et ridicule.
  5. Financier et ancien financier, Helvetius resta très simple et plein de bonhomie. A Voré, il recevait à sa table les gens les plus humbles et même les moins distingués, pourvu qu’ils fussent honnêtes. 'V. Helvetius, Sa Vie et son Œuvre (Sa vie à Voré et à Lumigny ch. xii).