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pédiste, un poète galant et fort voluptueux, et, en même temps, un moraliste audacieux, subtil et robuste qui s’oriente progressivement vers les conceptions politiques. Il passera peu à peu de l’idée du plaisir, de l’égoïsme et du bonheur à celle du bonheur universel et de la justice. Dans ce mémorandum de faits empruntés à l’histoire ancienne, à diverses civilisations, dans ce journal impersonnel d’un amant qui s’applique à peindre la passion et ses effets, on découvre, avec son désir constant et violent de n’être pas dupe des apparences, de professer hautement la vérité, le futur philosophe de l’Esprit et de l’Homme qui s’appliquera à formuler une physique générale des mœurs utile aux individus et aux états. C’est ainsi qu’Helvetius note, dans ce recueil, les projets suivants qu’il réalisera plus ou moins : « Idée à remplir[1] que les loix, les mœurs des peuples dépendent des causes phisiques traité de démontrer par l’histoire… sçavoir pour cela s’il y a une histoire universelle des mœurs et des situations des pais… » — « l’esprit est propre a tout dans la même proportion ou il est propre a une chose partir de l’idée que tout vient par les sens » — « Faire des lettres sous le titre d’amour propre expliquer tous les cas possibles de morale avec cela » — « Donner un plan des états possibles calculer les probabilités pour le bonheur des hommes » etc. Voilà les idées fondamentales d’Helvetius.

Le psychologue réaliste et cruel de l’hypocrisie politique et religieuse se manifeste aussi, dès les Notes, et nettement, avec sa haine du fanatisme et du despotisme.

Grâce à ces Notes, dépourvues de l’appareil littéraire, des déductions systématiques et des digressions complexes, on comprend d’où Helvetius part et où il veut aboutir. On y constate son admiration, fertile en images téméraires, pour Newton et surtout pour Locke (celle des épîtres). On le voit lire des textes variés.

Observons que s’il parle fréquemment de Locke et cite Hobbes, il ne fait allusion à aucun de ses contemporains, sauf à Voltaire[2].

  1. Helvetius tenait sans doute particulièrement à cette idée. Dans la table des matières, devant la lettre I et l’indication de la page où se trouve la note, on lit : Idée à remplir.
  2. Il importe de remarquer, en s’appuyant sur ces notes, et contraire-