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architecture symbolique.

morts. Ils paraissent, en général, comme ces étonnantes excavations, appartenir à une époque antérieure. Mais, chez les Égyptiens, se manifeste avec force l’opposition de la vie et de la mort. Le spirituel commence à se séparer nettement de tout ce qui n’est pas lui. Nous voyons apparaître l’esprit individuel, dans sa nature concrète et en voie de se développer. Les morts sont, par conséquent, conservés intacts dans leur existence individuelle. En opposition avec l’idée de l’absorption des êtres dans le sein de la nature, ils sont soustraits à ce torrent de la vie universelle, préservés de la destruction. L’individualité est le principe de la véritable conception de l’esprit. Car l’esprit ne peut exister que comme individu, comme personnalité. Aussi devons-nous regarder ces honneurs rendus aux morts, et leur conservation, comme un premier pas important vers l’avénement de l’individualité spirituelle ; puisqu’ici c’est l’individualité qui, au lieu d’être abandonnée, apparaît conservée, puisqu’au moins le corps, comme représentant cette individualité dans sa forme visible et physique, est prisé et honoré. Hérodote, ainsi que nous l’avons déjà dit plus haut, raconte que les Égyptiens sont les premiers qui aient professé formellement que les ames des hommes sont immortelles. Et quelqu’imparfaite que soit encore ici la permanence de l’individualité spirituelle, puisque le mort, pendant trois mille ans, doit parcourir le cercle entier des animaux de la terre, de l’eau et de l’air, avant de passer de