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architecture.

que l’esprit, arrivée son complet développement peut se satisfaire, et, dès-lors, sait se limiter dans ses créations. L’œuvre d’art symbolique, au contraire, reste plus ou moins indéfini.

À ces sortes de représentations de l’architecture égyptienne appartiennent aussi ce qu’on appelle les Labyrinthes. Ce sont des cours avec des allées de colonnes, autour desquelles circulent, entre les murailles, des chemins entremêlés d’une manière énigmatique. Leur but n’est pas le problème puéril de trouver leur issue, mais une promenade instructive au milieu d’énigmes symboliques. Car ces chemins devaient, ainsi que je l’ai indiqué précédemment représenter, dans leur détours, la marche des corps célestes. Ils sont construits, en partie, au-dessous, en partie, au-dessus du sol, et accompagnés, en dehors des ailées, d’un nombre prodigieux de chambres et de salles, dont les murs sont couverts d’hiéroglyphes. Le plus grand labyrinthe avait l’étendue du lac Mœris. Hérodote, qui l’avait vu lui-même, dit (ii, c. 148), qu’il l’a trouvé au-dessus de tout ce qu’on peut en dire et qu’il surpasse même les pyramides. Il en attribue la construction aux douze rois, et en fait la description suivante. L’ouvrage entier se compose de deux étages, l’un au dessous, l’autre au-dessus du sol, ensemble renfermant trois mille chambres, quinze cents chacun. L’étage supérieur, le seul qu’Hérodote avait pu visiter, était divisé en douze cours, qui se succédaient avec des portes à l’opposé les