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architecture symbolique.

canaux toute la contrée, qui jusqu’alors avait été parcourue à cheval, et rendit, par là, inutiles les chevaux et les chars. Mais les principaux ouvrages furent toujours ces constructions religieuses, que les Égyptiens élevaient, en quelque sorte, par instinct, comme les abeilles bâtissent leurs ruches. Leur fortune était réglée par la loi ainsi que les autres conditions de la vie. Le sol était prodigieusement fertile. Point de travail pénible ; tout le travail consistait presqu’uniquement dans les semailles et la récolte. Les intérêts et les affaires qui occupent tant de place dans la vie des autres peuples, étaient ici très restreints. Si l’on excepte ce que les prêtres racontent des expéditions maritimes de Sésostris, on ne trouve presqu’aucun récit de navigations extérieures. En général, les Égyptiens restaient enfermés dans leur pays, occupés ainsi à bâtir et à construire. Mais l’architecture symbolique ou indépendante fournit le caractère fondamental de leurs grands ouvrages. C’est qu’ici l’ame humaine, l’esprit, ne s’est pas encore saisi lui-même dans ses tendances et ses manifestations extérieures ; il ne s’est pas pris comme objet, comme produit de sa libre activité. La conscience de soi n’est pas encore mûre pour produire ses fruits ; elle n’est pas arrivée pour elle-même à son entière existence ; elle fait effort, elle cherche, elle aspire, produisant incessamment sans pouvoir se satisfaire pleinement, et, par conséquent, sans relâche ni repos. Car, c’est seulement dans la représentation conforme à l’esprit,