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architecture.

De semblables constructions avec des rangées de figures d’animaux, de Memnons, des portes immenses, des murailles, des colonnades d’une dimension prodigieuse, tantôt plus larges tantôt plus étroites, avec des obélisques isolés, se continuent ainsi pendant des lieues entières. Vous cheminez ainsi parmi des ouvrages humains aussi grands et aussi dignes d’étonnement, dont la plupart n’ont de but spécial que dans les différents actes du culte. Ces masses de pierres entassées vous racontent et vous révèlent les choses divines. Car, à ces constructions sont en même temps attachées des significations symboliques. Ainsi, le nombre des Sphinx, des Memnons, la disposition des colonnes et des allées désignent les jours de l’année, les douze signes du zodiaque, les sept planètes, les phases principales du cours de la lune. D’un côté, la sculpture ne s’est pas encore ici tout à fait affranchie de l’architecture. D’autre part, ce qui est, à proprement parler, architectonique : les proportions, les distances, le nombre des colonnes, des murs, des degrés, est traité de telle sorte que ces rapports ne trouvent pas leur but propre en eux-mêmes, mais sont déterminés symboliquement. Par là, cette action de bâtir et de créer se montre comme ayant en soi son propre but, et même comme un culte où le roi et le peuple se réunissent. Plusieurs ouvrages, tels que des canaux, le lac Maris, et, en général, les travaux hydrauliques, ont, il est vrai, rapport à l’agriculture et aux débordements du Nil. C’est ainsi qu’au rapport d’Hérodote (ii. c. 108 ), Sésostris fit sillonner de