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architecture symbolique.

Après les obélisques, nous devons mentionner principalement les Memnons. Les grandes statues de Memnon, à Thèbes, avaient la forme humaine. Strabon vit encore l’une d’elles entièrement conservée. Elle était d’une seule pierre. L’autre, qui rendait un son au lever du soleil y était déjà renversée de son temps, C’étaient deux figures humaines colossales et assises. Par leur aspect grandiose et leur masse, elles rappelaient les formes inorganiques et architectoniques, plutôt que celles de la sculpture. C’est ainsi que nous apparaissent ensuite les colonnes de Memnon, rangées à la file, et qui, par cela même qu’elles ne tirent leur effet que de ce mode de disposition et de leur grandeur, descendent du rang de la sculpture à celui de l’architecture. Hirt (Hist. de l’Archit., I, p. 69), attribue les statues colossales qui rendaient un son, et dont Pausanias dit que les Égyptiens les regardaient comme l’image de Phaménoph, non à une divinité, mais à un roi qui, comme Osymandias ou un autre, aurait eu ici son tombeau. Cependant ces ouvrages d’un genre colossal devaient représenter, d’une manière plus ou moins déterminée, quelque chose de général. Les Égyptiens et les Éthiopiens adoraient Memnon, le fils de l’aurore, et lui offraient des sacrifices, lorsque le soleil darde ses premiers rayons ; de sorte que l’image du dieu saluait, avec la voix, ses adorateurs. Ainsi, ce n’était pas par sa propriété de rendre des sons, d’avoir une voix, ou simplement par sa forme, qu’il avait de l’importance et de l’intérêt, c’était par