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architecture symbolique.

il y a un lit de repos préparé avec soin et, vis-à-vis, une table d’or. Cependant il n’y a point de statue élevée dans le temple, et aucun homme n’y entre pendant la nuit, excepté une des femmes du pays que le dieu se choisit entre toutes y comme disent les Chaldéens, les prêtres de ce dieu. Les prêtres prétendent que le dieu vient visiter le temple et se repose sur le lit. Hérodote raconte aussi (c. 183) qu’au-dessous, dans le sanctuaire, est un autre temple où s’élève une grande statue d’or du dieu, avec une grande table d’or devant lui ; et il parle également de deux grands autels en dehors du temple, sur lesquels on immole des victimes. Néanmoins, nous ne pouvons assimiler cette construction gigantesque aux temples dans le sens grec ou moderne ; car les sept premières assises sont entièrement massives et la huitième ou la plus élevée est la seule où séjourne le dieu invisible, qui ne reçoit là aucune prière des prêtres ou des fidèles. La statue était au-dessous, en dehors de l’édifice. Ainsi, l’ouvrage entier s’élève indépendant, pour lui-même, sans rapport à un autre but, sans rapport au culte et au service divin, quoique ce ne soit déjà plus un simple point de réunion, mais un véritable édifice religieux. La forme, en effet, reste encore ici abandonnée au hasard et à l’accidentel. Elle est déterminée seulement par le principe matériel de la solidité ; c’est la forme d’un cube. En même temps, on se demande quel est le sens de l’ouvrage considéré dans son ensemble et en quoi il présente un caractère