Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
architecture symbolique.

I. Ouvrages d’Architecture bâtis pour la réunion des peuples


« Qu’est-ce que le saint ? » demande Goëthe, dans un de ses distiques, et il répond : « C’est ce qui réunit plusieurs âmes. » Nous pouvons dire, en ce sens, que le saint, comme but et lieu même de réunion pour les hommes, a été le premier caractère de l’architecture indépendante. L’exemple le plus remarquable nous en est offert par le récit de la tour de Babylone. Dans la vaste plaine de l’Euphrate, les hommes élèvent un ouvrage gigantesque d’architecture ; ils le bâtissent en commun, et la communauté du travail est en même temps le but et l’idée de l’ouvrage lui-même. En effet, la fondation de ce lien social ne représente pas une simple réunion patriarcale. Au contraire, l’unité de la famille s’est ici précisément dissoute, et l’édifice qui s’élève dans les nues est le symbole de cette dissolution de la société primitive et de la formation d’une nouvelle et plus vaste société. Les peuples d’alors se sont réunis pour travailler à ce monument ; et comme ils se rassemblaient pour construire un immense ouvrage, le produit de leurs efforts devait être le lien social. Le sol creusé et remué, des masses de pierres agencées et