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architecture.

lion réel et vivant, sa forme individuelle met dans mon esprit une image : celle d’un lion, absolument de la même manière qu’un lion représenté. Dans la représentation, cependant, il y a quelque chose de plus. Celle-ci montre, dans sa forme qu’elle a été dans l’imagination de l’homme, qu’elle doit son existence à son esprit, à son activité créatrice. De sorte que nous n’avons plus ici l’image immédiate d’un objet réel, mais l’image d’une image qui a été dans l’esprit de l’homme. Mais maintenant, qu’un lion, un arbre, ou tel autre objet individuel soit ainsi reproduit, il n’y a aucun besoin originel pour l’art. Loin de là, nous avons vu que l’art, et principalement les arts du dessin, cessent d’exister, dès que la représentation de pareils objets a pour but de manifester l’habileté avec laquelle l’apparence est reproduite. L’intérêt véritable consiste en ce que ce sont les conceptions originelles, les pensées universelles de l’esprit humain qui sont offertes à nos regards. Toutefois, de pareilles conceptions sont d’abord abstraites et indéterminée dans l’esprit des peuples. De sorte que l’homme, pour se les représenter, s’empare des formes également abstraites que lui offre la nature et ses masses pesantes, matière capable, il est vrai de recevoir une forme déterminée, mais non en elle-même véritablement concrète, vivante et spirituelle. Dès lors, le rapport entre le fond et la forme visible par laquelle l’idée doit passer de l’imagination de l’artiste dans celle du spectateur, ne peut être que d’une nature purement