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architecture.

savoir qu’elle a été le commencement des beaux-arts. Nous devons exclure de notre recherche l’histoire qui ne s’appuie que sur des données empiriques, aussi bien que les réflexions superficielles, les conjectures et les idées si diverses que l’on peut se former si facilement à ce sujet.

Les hommes, en effet, sont ordinairement portés à vouloir se représenter une chose à son origine, parce que le commencement est la forme la plus simple sous laquelle elle se montre. À cela se joint une arrière pensée plus ou moins obscure, c’est que cette forme simple manifeste la chose dans son idée et son type originel. Le développement de cette forme élémentaire, jusqu’au point que l’on a spécialement à considérer, se comprend dès lors avec d’autant plus de facilité, d’après cette maxime triviale : qu’un perfectionnement successif a conduit insensiblement l’art à ce degré. — Mais, en réalité, le simple commencement est, quant à son contenu, quelque chose d’aussi insignifiant en soi qu’il doit paraître accidentel aux yeux du philosophe ; bien qu’à cause de cela même une telle origine soit, selon les idées vulgaires, d’autant plus facile à comprendre. C’est ainsi que l’on raconte, par exemple, pour expliquer l’origine de la peinture, l’histoire d’une femme qui avait tracé la silhouette de son amant pendant qu’il dormait. On fait aussi commencer l’architecture, tantôt par une caverne, tantôt par un morceau de bois grossièrement taillé. De pareils commencements sont en soi si faciles