Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/446

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
433
de la composition.

vérité une maxime favorite qui, en particulier dans la théorie, a été poussée à l’extrême et a été appliquée dans son sens littéral à la poésie descriptive, lorsqu’elle décrit les saisons de l’année, les heures du jour, les fleurs, un paysage. Mais la description de pareils objets et de telles situations par des mots est d’abord très aride et très ennuyeuse, ce qui n’empêche pas que, quand on veut entrer dans les détails, elle ne soit jamais complète. D’un autre côté, elle est confuse, parce qu’elle doit donner comme une succession d’images ce qui, dans la peinture, s’offre simultanément aux regards. De sorte que nous oublions toujours ce qui précède, ou nous ne l’avons pas présent à l’imagination, quoiqu’il doive être essentiellement lié à ce qui suit, puisque le tout coexiste dans l’espace et n’a de valeur que par cette liaison et cette simultanéité. Ce qui, au contraire, échappe au peintre, sous le rapport de la succession continue, il peut le préciser, le remplacer par ces particularités qui s’offrent simultanément. Cependant la peinture, sous un autre rapport, le cède à la poésie et à la musique, je veux dire sous le rapport lyrique. La poésie peut développer les sentiments et les idées non seulement comme tels, mais encore dans leur fluctuation, leur développement et leur gradation. C’est ce qui a lieu, plus encore, sous le rapport de l’intensité et de la concentration du sentiment dans la musique qui a affaire aux mouvements intérieurs de l’ame eux-mêmes. Ici, la peinture n’a à sa dispo-