Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/445

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
432
peinture.

intérieur, tels qu’ils se manifestent immédiatement à nous dans leur forme extérieure, mais développés et révélant leur vrai caractère par des actions.

Mais ce qu’il s’agit surtout ici de marquer avec précision, c’est le rapport intime de la peinture et de la poésie. Ces deux arts ont, relativement, chacun un avantage et un désavantage. La peinture ne peut donner le développement d’une situation, d’un événement, d’une action, comme la poésie ou la musique, dans une succession d’états divers, mais dans un seul moment. De là naît une réflexion toute simple, c’est que, l’ensemble de la situation ou de l’action, sa fleur en quelque sorte, doivent être représentés par ce seul moment. Par conséquent, il faut choisir l’instant dans lequel ce qui précède et ce qui suit sont concentrés dans un point unique. Dans une bataille, par exemple, ce moment doit être celui de la victoire. Le combat est encore visible, mais en même temps l’issue est déjà certaine. Le peintre, peut donc choisir un reste du passé qui se retire et va disparaître ; celui-ci participe encore du présent, et en même temps indique l’avenir qui doit en sortir comme conséquence immédiate d’une situation déterminée. Voilà tout ce qu’il m’est possible de dire à cet égard. — Malgré ce désavantage vis-à-vis du poète, le peintre a sur lui cet avantage, qu’il peut peindre la scène déterminée dans tous ses détails, puisqu’il la met sous les yeux, dans l’image qu’il retrace de son existence réelle. « Ut pictura poesis erit. » est, à la