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peinture.

plumage et leur toison affectent aussi la coloration la plus variée. Néanmoins, dans les parties déterminées, la couleur est plus directe, plus indépendante ; de sorte que la diversité est plus un résultat des surfaces, des plans différents, des petits points et des lignes diversement colorés qu’une véritable fusion, comme dans la carnation humaine. Ce qui s’en rapproche le plus, c’est le jeu des couleurs dans les grappes transparentes du raisin et les admirables nuances de la rose, si tendres et qui ont aussi leur transparence. Celle-ci, toutefois, ne va pas jusqu’à offrir l’aspect de cette vitalité intérieure que doit avoir la chair et que connaît le peintre. Car cet esprit interne et vital ne doit pas paraître comme posé sur une surface, se manifester sous la forme d’une couleur matérielle, ou de raies, de points, etc. ; il se révèle comme un tout animé, profondément transparent, semblable au bien du ciel qui n’offre pas à l’œil une surface qui l’arrête, mais où celui-ci doit pouvoir plonger indéfiniment. Déjà Diderot, dans l’écrit traduit par Goëthe, dit en ce sens : « Celui qui est arrivé à sentir la chair est déjà parvenu très loin. Le reste n’est rien en comparaison. Mille peintres sont morts avant d’avoir eu le sentiment de la chair, mille autres mourront sans l’avoir eu. »

Quant au moyen matériel par lequel cette vitalité, sans éclat, de la chair, peut être représentée, seule, la peinture à l’huile s’en est montrée parfaitement capable. Ce qu’il y a de moins propre à produire une