Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/430

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
417
perspective, dessin, coloris, etc..

sorte d’une manière indépendante. La fraîche rougeur des joues qui caractérise la jeunesse et la santé est, à la vérité un pur carmin, sans un seul point tirant sur le bleu, le violet ou le jaune. Mais ce rouge n’est lui-même qu’une efflorescence ou plutôt une lueur, qui parait sortir de l’intérieur et se perd insensiblement dans la couleur générale de la chair, tandis que celle-ci est une fusion idéale de toutes les couleurs principales. À travers le jaune transparent de la peau apparaissent le rouge des artères, le bleu des veines, et, au clair obscur ou autres apparences diverses et reflets variés, s’ajoutent encore des tons gris, bruns et même verts, qui, au premier coup d’œil, peuvent nous paraître grandement contraires à la nature et cependant ont leur justesse et leur effet vrai. Cette combinaison d’apparences est ici tout-à-fait sans éclat, c’est-à-dire, qu’elle ne reflète rien du dehors, mais elle est animée et vivifiée par l’intérieur. Cette transparence qui laisse voir l’intérieur est une des grandes difficultés de la peinture. On peut la comparer à la surface d’un lac, au coucher du soleil, où l’on voit en même temps les figures qu’il reflète et la claire profondeur ainsi que le caractère particulier de ses eaux. L’éclat du métal, au contraire, est bien parfaitement luisant et reluisant, les pierres précieuses sont transparentes et brillantes ; mais on n’y entrevoit aucune fusion de couleurs comme dans la chair. Il en est de même du satin et des étoffes de soie, etc. La peau des animaux, leur poil, leur