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perspective, dessin, coloris, etc..

Dans le bleu, en effet, l’obscur est la chose principale ; il n’apparaît comme bleu que par un milieu clair, et cependant non parfaitement transparent. Le ciel, par exemple, est obscur ; il est toujours noir sur les plus hautes montagnes. Vu à travers un milieu transparent et cependant trouble, comme l’air atmosphérique des plaines basses, il parait bleu, et d’autant plus clair, que l’air est moins transparent. Dans le jaune au contraire, le clair absolument parlant, agit par un milieu trouble qui laisse encore entrevoir le clair. La fumée, par exemple, est un pareil milieu trouble. Vue devant quelque chose de noir qui agit à travers elle, elle parait bleuâtre ; devant quelque chose de clair, jaunâtre et rougeâtre. Le rouge, proprement dit, est, par son effet, la couleur royale, où se pénètrent le bleu et le jaune, qui en soi sont opposés. Le vert peut aussi être considéré comme une pareille combinaison ; ce n’est pas toutefois l’unité concrète, mais une simple différence effacée, la neutralité saturée et calme. Ces couleurs sont les couleurs fondamentales, les plus pures, les plus simples, les couleurs primitives. Aussi on peut, de la même façon et dans le même sens, en les appliquant aux anciens maîtres, chercher en elles une signification symbolique, particulièrement dans l’emploi du bleu et du rouge. Le bleu répond à la douceur, à l’expression pleine de sens et de calme de l’ame, à l’aspiration sentimentale, en tant qu’il a pour principe l’obscur, qui ne produit pas d’opposition. Le clair indique