Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/420

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
407
perspective, dessin, coloris, etc..

les différences les plus nombreuses. Dans une action compliquée et publique, dans une situation claire en soi au point de vue intellectuel, la lumière physique est plutôt une chose accessoire ; et ce que l’artiste a de mieux à faire, c’est d’employer la lumière ordinaire du jour, à moins que la vitalité dramatique du tableau n’exige que l’on fasse ressortir certaines figures ou certains groupes particuliers, qu’on en laisse d’autres dans l’ombre, et que, dans ce but, on emploie une manière d’éclairer les objets qui soit favorable à de pareilles différences. Aussi, les anciens grands peintres ont peu employé les contrastes, et, en général, les situations qui réclament un mode tout spécial d’éclairer la scène ; et ils avaient raison. Ils donnaient plus à l’élément spirituel en soi, qu’à l’effet produit par le mode d’apparence sensible. En effet, dans la prédominance du côté moral et l’importance du fond, on peut se passer de ces moyens toujours plus ou moins extérieurs. Dans le genre du paysage, au contraire, et quand il s’agit des objets insignifiants de la vie commune, la manière d’éclairer est d’une toute autre importance. Ici surtout, les grands effets artistiques, souvent aussi les effets artificiels, magiques, sont à leur place. Ainsi, dans le paysage, les hardis contrastes entre les grandes masses dé lumière et les fortes parties d’ombre peuvent produire le meilleur effet et cependant aussi dégénérer d’autant plus facilement en pure manière. D’un autre côté, c’est dans ce cercle principalement