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peinture.

le modelé. Les maîtres dans l’art du coloris vont, sous ce rapport jusqu’à l’opposition la plus forte de la lumière la plus éclatante et des ombres les plus obscures, et c’est seulement ainsi qu’ils produisent leurs plus grands effets. Cependant, cette opposition ne leur est permise qu’autant qu’elle n’est pas brusque, c’est-à-dire, qu’elle est accompagnée d’un jeu varié de transitions et d’intermédiaires, qui lient et fondent toutes les parties de l’ensemble, et vont jusqu’à marquer les nuances les plus délicates. Mais si de telles oppositions manquent, le tout sera sans effet, parce que la différence du plus ou du moins dans le clair et l’obscur fait seulement ressortir les parties déterminées et laisse les autres s’effacer. C’est particulièrement dans les riches compositions, et quand les objets à représenter sont très distants les uns des autres, qu’il est nécessaire d’aller jusqu’aux dernières limites de l’obscur, afin d’avoir un plus grand nombre de degrés pour la lumière et les ombres.

Si nous considérons, maintenant, le caractère plus déterminé de la lumière et des ombres, il dépend principalement de la manière d’éclairer les objets adoptée par l’artiste. La lumière du jour, celle du matin, du midi, du soir, celle du soleil ou de la lune, par un ciel clair ou couvert, dans les orages, la lumière des flambeaux, dans un lieu fermé, tombant ou se répandant également, les modes les plus variés dont les objets la reçoivent, produisent ici