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peinture.

l’emploi des couleurs que la peinture atteint, dans l’expression de l’ame, jusqu’au degré où elle parait véritablement vivante. Cependant, toutes les écoles de peinture n’ont pas porté l’art du coloris à la même hauteur. C’est même un fait remarquable, que les Vénitiens et les Hollandais ont été, à peu près, les seuls maîtres achevés dans la couleur. Or, ils ont cela de commun, qu’ils sont également près de la mer, également dans un pays bas, coupé de marais et de canaux. Pour les Hollandais, on peut s’expliquer cela en disant que dans un horizon toujours brumeux, ayant sous les yeux la représentation continuelle d’un fond gris, ils n’en étaient que plus excités à étudier tout ce qui tient aux couleurs, les divers effets de la lumière, ses reflets et ses apparences les plus variés, à les faire ressortir et à trouver là précisément un des problèmes principaux de leur art. Comparées aux Vénitiens et aux Hollandais, les autres écoles de la peinture italienne, Corrège et quelques autres exceptés, paraissent secs, privés de sève, froids et sans vie.

Maintenant, au sujet de la couleur, on peut faire ressortir les points suivants comme les plus importants.

1o D’abord, la base la plus simple de toute couleur est le clair et l’obscur. Si celte opposition est seule mise en jeu avec ses modes de combinaison, sans l’emploi des diverses couleurs, alors il n’y a d’autres différences que celles du blanc comme lumière et du