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perspective, dessin, coloris, etc..

ment parler, le peintre. Nous nous arrêtons, il est vrai, volontiers devant les dessins, et principalement devant les esquisses, comme représentant le jet spontané de l’artiste. Mais quelle que soit ici la richesse d’invention et d’imagination, quel que soit l’esprit intérieur qui perce immédiatement à travers l’enveloppe en quelque sorte transparente et facile de la forme, la peinture, cependant, doit peindre, si elle ne veut pas rester dans l’abstraction des qualités sensibles, si elle veut représenter l’individualité vivante des objets et les particulariser. On ne peut, cependant, refuser une valeur très grande aux dessins, et principalement aux dessins à la main des grands maîtres, comme par exemple, Raphaël et Albrecht Durer. Il y a plus, les esquisses à la main ont précisément, sous ce rapport, le plus haut intérêt, parce qu’elles font assister au miracle de l’exécution ; on y voit l’esprit passer tout entier dans la main qui, avec la plus grande facilité, sans tâtonnement, par une création instantanée, produit tout ce qui est dans l’intelligence de l’artiste. Les dessins à la main, de Durer, par exemple, dans le livre de prières qui est à la bibliothèque de Munich, sont d’une verve et d’une liberté indescriptibles. La conception et l’exécution semblent ici ne faire qu’un ; tandis que, dans les tableaux, on ne peut écarter cette idée, que la perfection n’a été atteinte qu’après que l’œuvre a été plusieurs fois retouchée, à la suite d’un progrès continu et d’améliorations successives.

Il n’en est pas moins vrai, que c’est seulement par