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peinture.

rent, parce que nous donnons cours à des pensées ou vaquons à des intérêts bien éloignés de là. Dans ce dialogue avec d’autres objets, ceux qui sont sous nos yeux ne nous disent rien ou n’excitent qu’une attention tout-à-fait passagère, qui ne va pas au-delà de ces jugements vagues : c’est agréable, c’est beau, c’est laid. Ainsi, nous aimons encore bien à voir la gaîté d’une danse rustique, parce que nous la considérons en passant ; ou nous nous en éloignons avec dédain, parce que « nous sommes ennemis de tout ce qui est grossier. » Il en est de même de la physionomie des hommes avec lesquels nous sommes en rapport dans la vie humaine, ou que nous rencontrons accidentellement. Notre personnalité et la mobilité de notre caractère sont là perpétuellement mis en jeu. Nous sommes portés à dire ceci ou cela, à l'un ou à l’autre ; nous avons à terminer avec cet homme une affaire ; nous lui devons des égards ; nous pensons telle ou telle chose à son sujet ; nous le voyons dans telle ou telle circonstance que nous savons de lui ; nous nous conduisons en conséquence dans la conversation ; nous gardons le silence sur ceci ou sur cela pour ne pas le blesser ; nous ne touchons pas à tel autre point parce qu’il pourrait le prendre mal. Bref, nous avons toujours sous les yeux son histoire, son rang, sa profession, notre conduite obligée ou nos affaires avec lui, et nous restons dans un rapport entièrement pratique, ou dans un état d’indifférence et de distraction que nous ne remarquons même pas.