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fond romantique de la peinture.

portraits de Denner. Ce sont, en effet, des imitations de la nature, mais qui ne reproduisent presque nullement la vitalité en elle-même, ce qui est ici l’important. On s’est attaché précisément à représenter les cheveux, les rides et, en général, ce qui. sans doute, n’est pas quelque chose de tout-à fait mort, mais n’est pas non plus l’expression vivante de la physionomie humaine.

D’un autre côté, le plaisir peut s’émousser en nous, par cette réflexion d’une étroite et dédaigneuse raison, que de pareils sujets sont, en effet, trop communs et indignes des hautes pensées qui nous occupent. C’est alors prendre le fond de la représentation précisément par le côté opposé à celui par où l’art vous le présente réellement. Nous transportons, en effet, à de tels objets nos besoins, nos jouissances, notre culture intellectuelle, d’autres fins ; c’est-à-dire, que nous les concevons uniquement d’après leur conformité extérieure à ces mêmes fins. De sorte que nos besoins, notre propre intérêt, sont la chose principale ; tandis que la vitalité de l’objet lui-même est anéantie. Il n’apparaît plus que comme destiné à servir de simple moyen, ou nous reste entièrement indifférent, parce que nous ne savons quel usage en faire. Un rayon de soleil, qui tombe à travers une porte ouverte dans un appartement où nous entrons, un pays que nous traversons, ou une couturière, une servante que nous voyons diligemment occupées, peuvent être pour nous quelque chose d’indiffé-