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peinture.

cet accord engendre l’harmonie du sujet avec les manifestations particulières de son activité dans ses situations les plus communes, harmonie qui entretient aussi dans l’ame un sentiment de joie intime, et constitue ici le charme de l’indépendance chez cette existence en soi complète et parfaite dans son genre. Ainsi, l’intérêt que nous prenons à de pareilles représentations ne consiste pas dans les objets eux-mêmes ; mais il y a là encore de l’ame, un fond de vitalité, qui déjà, indépendamment de l’objet où il se manifeste, parle à tout esprit dont le sens n’est pas faussé, à toute ame libre, est pour elle un objet de sympathie et de plaisir. Nous ne devons donc pas, en quelque sorte, nous jeter sur la jouissance comme si nous étions conviés à admirer les ouvrages d’art de cette espèce, du point de vue de ce qu’on appelle le naturel et de l’imitation de la nature, capable de produire l’illusion. Cette invitation, qui parait nous mettre l’objet à la main dans de pareilles œuvres, n’est elle-même qu’une illusion. C’est méconnaître le point essentiel. Car l’admiration ici ne peut naître qu’après que l’on a comparé extérieurement l’ouvrage d’art avec une œuvre de la nature ; elle ne repose que sur la conformité de la représentation avec un objet déjà donné ; tandis qu’ici, le fond essentiel, l’élément artistique, dans la conception et dans l’exécution, c’est l’accord de la chose représentée avec elle-même, c’est-à-dire avec la réalité animée en soi. D’après le principe de l’illusion, on peut bien louer, par exemple, les