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fond romantique de la peinture.

d’autant plus, à ses sujets le caractère terrestre et propre à la vie actuelle, il leur donne la perfection de l’existence mondaine. De sorte que le côté de l’existence sensible devient, par l’art, la chose principale, et l’impression religieuse l’accessoire. Car, la tâche de l’art est aussi de revêtir cet idéal d’une forme terrestre, de représenter sensiblement ce qui échappe aux sens, comme d’actualiser et d’humaniser les objets empruntés aux scènes éloignées du passé.

Au degré où nous sommes, c’est le sentiment intime dans ce qu’il a de plus présent, dans les objets qui nous entourent journellement, dans les choses les plus communes et les plus petites, qui fait le fond de la représentation.

Mais, maintenant, si nous nous demandons ce qui, dans des objets d’ailleurs aussi pauvres et aussi indifférents, constitue, à proprement parler, le côté essentiel et vraiment digne de l’art, c’est encore le principe substantiel des choses qui s’y maintient et s’y fait valoir ; c’est la vitalité et la gaîté de l’existence libre, malgré la plus grande multiplicité de buts et d’intérêts particuliers. L’homme vit toujours dans l’actuel, au milieu d’objets immédiatement présents. Ce qu’il fait dans chaque moment est quelque chose de particulier, et le bien consiste à s’acquitter de ces occupations, même les plus petites, en y mettant son ame tout entière. Il s’identifie alors avec de telles actions, pour lesquelles il paraît destiné, puisqu’il y met toute l’énergie dont il est capable. Maintenant,