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peinture.

reur des supplices, où l’on écorche et l’on rôtit les chairs, ou dans les tourments du crucifiement. Or, cela ne peut lui être permis, s’il est vrai qu’elle ne doit pas sortir de l’idéal spirituel, et cela, non parce que de pareils martyres mis sous les yeux, choquent le sens du beau, ou parce qu’aujourd’hui nous avons les nerfs trop faibles, mais en vertu de ce principe plus élevé, que ce côté sensible n’est pas ce dont il s’agit. L’histoire spirituelle, l’ame, dans ses souffrances propres, celles de l’amour, non la douleur corporelle, en soi, exposée aux regards, mais la douleur provoquée par la douleur d’autrui, ou la douleur excitée par le sentiment de sa propre indignité, tel est le véritable fond de la représentation qui doit être senti et exprimé. Ainsi, la constance des martyrs dans les supplices corporels n’est que le courage qui endure la douleur physique. Mais, dans l’idéal spirituel, l’ame a affaire à elle-même ; il s’agit des souffrances de l’ame, des blessures de son amour, de sa pénitence intérieure, de ses tristesses, de son repentir et de sa contrition.

Il y a plus, même dans les tourments, le côté positif ne doit pas manquer. L’ame doit avoir conscience et ne s’occuper que de la réconciliation de l’homme avec Dieu en soi, et par rapport à elle-même ; de sorte que cette éternelle rédemption s’accomplisse aussi en elle. C’est de cette manière que nous voyons souvent des pénitents, des martyrs, des religieux, dont l’es- prit est tellement absorbé par cette pensée de la ré-