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fond romantique de la peinture.

et paraît s’élever dans un monde supérieur. Il en est de cela comme d’un moyen commode et souvent employé aujourd’hui, celui de faire de Dieu, de la religion, la base de l’État ou de prouver tout par des textes de la Bible, au lieu de s’en rapporter simplement à la raison et à la réalité. Dans Guido Reni, par exemple, cette habitude de donner à ses figures ce regard et cette aspiration vers le ciel est devenue une manière. Ainsi son Assomption de la Vierge, à Munich, jouit d’une haute célébrité auprès des amis de l’art et des connaisseurs ; et sans doute, cet éclat rayonnant de la glorification, le ravissement et la délivrance de l’ame, l’attitude tout entière du corps s’envolant dans le ciel, l’éclat et la beauté de la couleur, sont du plus grand effet. Néanmoins, j’aime mieux la Vierge lorsqu’elle est représentée dans son amour et sa sanctification actuels, les yeux fixés sur le Christ enfant. Cette aspiration, cet essor, ce regard vers le ciel se rapprochent du sentimentalisme moderne.

Le deuxième point, concerne l’introduction de l’élément négatif dans le recueillement spirituel de l’amour. Les disciples, les saints, les martyrs doivent parcourir, soit physiquement, soit moralement, ce chemin de la douleur, sur lequel le Christ les a précédés dans l’histoire de la passion.

Ces souffrances sont presque sur la limite de l’art ; et la peinture peut être facilement tentée de la franchir, lorsqu’elle prend pour sujet la représentation de la souffrance corporelle, dans la cruauté et l’hor-