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peinture.

représentations ils mêlaient quelque chose du portrait.

J’ajouterai encore ici une remarque moins directe, c’est que ce pieux recueillement de l’ame ne doit pas être une invocation inquiète dans un danger physique ou dans les misères de l’ame, comme dans les psaumes et plusieurs chants d’église luthériens, ainsi : « Le cerf soupire après les fontaines d’eaux vives, de même mon ame soupire vers toi. » Ce doit être une douce harmonie, non toutefois aussi douce que chez les nonnes, un abandon de l’ame, et une jouissance de cet abandon, une satisfaction intime qui ne demande rien au-delà. Car les tourments de la foi, les angoisses de l’ame saisie d’inquiétude ou d’effroi, ces doutes, ces incertitudes, ces combats intérieurs qui caractérisent une piété hypocondriaque, ne sachant jamais si elle est en péché, si son repentir est vrai, si elle est pénétrée de la grâce, cet abandon de soi, cette absence de caractère qui se trahit par ces anxiétés, n’appartiennent pas à la beauté romantique. Dans le recueillement, le personnage peut, il est vrai, élever en soupirant les yeux vers le ciel. Toutefois, il est plus artistique et plus satisfaisant que le regard soit dirigé vers un objet présent et visible de l’adoration, tel que le Christ, la Vierge, un saint, etc. Il est facile, trop facile même, de donner un haut intérêt à un tableau, par cela seul que la principale figure dirige ses yeux vers le ciel,